À travers onze chapitres relativement courts répartis en trois parties : « Aux origines d'un métier et du service social du travail », « Les conseillères du travail et le service social du travail : enjeux actuels et pluriels » et « Les conseillères du travail : périmètres d'actions et expériences », cet ouvrage reprend l'histoire et les fondations de la profession des surintendantes d'usine, ses évolutions et l'actualité de l'exercice professionnel des conseillères du travail.
Ce livre propose de donner « la parole à ces femmes qui ont contribué à inventer, promouvoir et exercer les métiers de sur- intendante d'usine, de conseillère du travail et d'assistante de service social » (p. 27).
La première partie, consacrée à l'histoire, évoque les origines du métier de surintendante d'usine créé durant la Première Guerre mondiale. Cette profession, une des premières du champ du travail social, naîtra dans un contexte de guerre, les surintendantes entrant en fonction dans les usines d'armement, et perdura à l'issue de ce conflit. L'École des surintendantes, quant à elle, sera créée en 1917. Durant leur formation, les élèves effectuent des stages ouvriers ; ce qui fera l'objet d'un des chapitres avec la retranscription d'un rapport de stage ouvrier rédigé par une surintendante d'usine.
La deuxième partie met en avant l'évolution du métier de la profession qualifiée au départ de surintendante d'usine, puis d'assistante de service social spécialisée, d'entreprise et du travail et dorénavant de conseillère du travail. Les surintendantes d'usine ont été des pionnières de la prévention dans le cadre professionnel, s'occupant de la question de la santé au travail.
Aujourd'hui, les assistantes de service social et les conseillères du travail font face à d'autres formes de souffrance au travail nécessitant un accompagnement qui va au-delà de la conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle, une des missions qui leur est dévolue. L'assistante de service social a ainsi une « fonction de tiers social » et agit en tant que médiateur entre le salarié et l'entreprise. Mais celle-ci se heurte parfois aux hiérarchies, au service des ressources humaines, une des auteures soulignant une « activité empêchée ». La place de l'assistante de service social est ainsi constamment à réinventer, et la légitimité de son intervention doit être régulièrement défendue.
Dans la dernière partie, les auteures donnent à voir comment le service social du travail peut être envisagé comme « un formidable observatoire des évolutions macrosociales du monde du travail » (p. 16). L'importance du travail en partenariat, de la construction de liens entre tous les acteurs internes à l'entreprise, mais aussi l'articulation entre l'accompagnement individuel et la mise en place d'actions collectives, sont mis en avant à travers différents exemples issus du terrain.
L'ensemble des contributions permet ainsi de découvrir, comprendre, débattre des enjeux du travail social en entreprise. Il met en avant l'isolement des professionnelles, leur positionnement parfois difficile au sein de l'institution dans laquelle elles travaillent, et la complexité de l'activité et des problématiques auxquelles elles sont confrontées : la souffrance, la maladie, la violence, le handicap, le deuil, les addictions... Par ailleurs, une constante demeure tout au long des différents chapitres : celle de l'engagement de ces professionnelles et de l'invisibilité de leur travail.
Un livre passionnant sur l'histoire du métier, qui permet de célébrer le centième anniversaire du travail social en entreprise.
Gaëlle Boul